vendredi 12 avril 2019

Oldies VF : Névrose, par Arédit


Arédit a publié jadis 3 revues différentes qui ont porté ce nom de « Névrose ». Pour cet article, nous allons jeter un œil à la deuxième série. Pourquoi seulement celle-ci ?

La troisième série « Névrose », qui a connu 5 numéros, était en fait un rebrochage d’autres séries. Autrement dit, on changeait la couv et on proposait en fait, un ancien numéro d’une autre revue (comme L’Inattendu, Etranges Aventures ou Il est minuit).
La première série, de son côté, est très intéressante, mais j’en parlerai dans un article plus global car elle fait partie de ces revues qui sont des adaptations en BD des romans populaires du Fleuve Noir.

Couverture de Névrose #2 (à gauche) de la première série. Ici une mise en BD d'un roman de Jean Murelli (couv du roman à droite, au Fleuve Noir coll. Angoisse)

La deuxième série, celle dont on va parler, est une publication d’histoires de chez DC Comics. Elle a duré 16 numéros entre 1985 et 1987.
Pour ceux qui ont lu l’article sur les New Teen Titans, 1987 doit leur parler comme étant la fin d’Arédit et de DC en France pour une décennie.

Pour l’occasion de l’article, j’ai sorti deux numéros de cette série Névrose que j’ai en ma possession. Après avoir regardé le sommaire de la revue en général, nous nous intéresserons à l'un d'eux pour tenter de mieux comprendre leur publication.
Bref.

Les couvertures des #5 et #7

Cette revue fait partie de la collection « DC Pocket ». Autrement dit, pour les puristes et autres fans du comics actuel ou du format classique, ça risque d’être compliqué à apprécier.
Les Pocket de chez Arédit sont dans un beaucoup plus petit format et sont en noir et blanc. Ce n’est pas un format poche comme pour les livres, c’est un peu plus grand, mais… bon, bref, autant vous montrer.

On remerciera Lévi-Strauss pour la photo qui suit et qui me fait, accessoirement, passer pour un intello qui ne lit pas San-Antonio :

Névrose est au deuxième plan. Vous pouvez voir que le Pocket Arédit est légèrement plus grand qu'un poche classique

Et là, une photo pour estimer le format par rapport à un comics classique (ci-dessous, donc, une publication kiosque Panini) :
Et ici au premier plan la revue Névrose par rapport à un kiosque de "taille comics"

Ce format pocket est classique pour les séries pour adultes, même si la violence de ces comics a de quoi faire sourire les fans de Garth Ennis ou de Wolverine. Mais passons au contenu !

Le principe de Névrose, comme d’autres revues, est de mêler beaucoup de brèves histoires horrifiques. En 128 pages de BD, on a jusqu’à 15 histoires différentes, issues de presque autant de séries US, avec notamment du House of Secrets, House of Mystery, Unexpected. On trouve aussi du Elvira et du « V » adaptation de la série télé qui finit ici après l’échec de son mensuel consacré.

Elvira (couv du #8) et V (couv du #11)

Cet ensemble d’histoires très variées sur le thème de l’horreur et du surnaturel permettra à un lecteur d’aujourd’hui d’avoir, en un numéro, un aperçu assez complet de ce type de production.

Prenons donc notre numéro 5 qui contient 13 épisodes. Il contient deux histoires issues de Unexpected #218 (Alligator Alley, et The mask of Medusa), deux histoires issues de House of Secrets #135 (The vegetable garden ! et Big fish in a small pond), deux histoires du #136 (Buried treasure et Last voyage of the Lady Luck), deux histoires du #137 (The harder they fall et Suit of lights), trois histoires de Dr Fate (l’une issue de DC Special Series #10, une autre de First Issue Special #9 et la troisième de More Fun Comics #56).
C’est ce que nous apprend l’indispensable base ComicsVF.
Ils annoncent deux épisodes supplémentaires sans avoir trouvé l’équivalent américain :
Un épisode intitulé « Une joie sadique », dont, après recherche, je puis vous dire qu’il est en fait la deuxième histoire de la revue Plop ! #3, parue aux US en janvier 1974 sous le titre « Belly Laugh » par Maxene Fabe et Bill Draut.

planche US de l'histoire "Belly Laugh". La version française perd les couleurs et des détails.
On notera dans la version française des modifications de la proportion des cases. Ainsi la dernière case se retrouve en début de page suivante dans Névrose. Cela permet aussi à Arédit de ne pas trop réduire le dessin et d'avoir des bulles lisibles !

La dernière histoire est problématique. Elle est extrêmement brève (deux pages !), titrée simplement « Archives secrètes du Dr Treize » et sans crédit. Il s’agit très certainement d’une référence au « Dr 13 » de DC qui apparaît pour la première fois dans Star-Spangled Comics #122 en 1951. Ses apparitions sont toujours dans de brèves séries, mais impossible de mettre la main sur celle-ci en particulier, surtout que finalement, on n’y voit pas le Dr Treize. C’est une histoire brève de fantôme mettant en scène un M. Simpson en 1906 qui aurait été réveillé par le fantôme de sa mère et qui l’aurait sauvée d’une mort par asphyxie à cause d’un robinet de gaz ouvert…

Ce résumé est d’ailleurs intéressant car il montre bien que ces comics, dans les années 70 (même si Arédit les publie dix ans plus tard) sont vraiment axés sur des mystères, des choses inexplicables, surnaturelles ou fantastiques.
On se souvient des Contes de la Crypte, le comics, mais aussi le film de Romero (le premier, hein, tâchons d’oublier le second). De brèves histoires additionnées et « effrayantes », où les mythes deviennent vrais (dans ce numéro, le masque de Méduse ou même les aventures du Dr Fate).
On trouve même un numéro du Golden Age ici, vendu comme comme tel par Arédit : « Un classique de l’Âge d’Or ». Il s’agit du numéro de Dr Fate issu de More Fun Comics #56 de juin 1940.
Ce numéro de More Fun Comics contenait pleins de brèves histoires de personnages totalement oubliés à part le Spectre et peut-être Congo Bill. Il est intéressant de voir que le numéro s’ouvre sur une histoire du Spectre et se termine sur l’histoire de Dr Fate ; le reste ne semblant alors être réservé qu’à des héros/aventuriers de second rang ou a minima, bien moins vendeurs ! Il faut dire que c’est alors le Spectre qui fait vendre cette revue comme le montre cette pub à la fin de ce numéro US.

Pub à la fin de More Fun Comics #56 (de juin 1940) mettant en avant le héros principal de chaque revue.
Ainsi pour More Fun Comics, c'est bien The Spectre qui est la vedette, d'où son histoire en ouverture de magazine.

Voir qu’Arédit, en 1986, publiait même une histoire du Golden Age dans une revue, montre à la fois la confiance de l’éditeur envers son propre travail et l’intérêt que pouvait avoir une telle histoire. Bien sûr, une revue avec seulement du Golden Age aurait probablement coulé en 1986 (et de toute manière, Arédit coula peu après), mais ça peut être un modèle intéressant de présenter des histoires récentes et les mettre en perspective avec une brève histoire du Golden ou du Silver Age.
Malheureusement, cela est moins facile à présenter en librairie et l’annonce d’Urban concernant le kiosque est, bien que prévisible, significative de la fin (définitive ou temporaire) du format kiosque.

Cette revue Névrose est donc riche en diversité et le fait d’avoir ce format est moins gênant pour ces histoires surnaturelles qui supportent assez bien le N&B.
Ne nous y méprenons pas, le lecteur perd beaucoup entre la réduction des planches et la perte des couleurs, mais c’est un bon moyen pour les francophones d’avoir accès à des anthologies. En plus pour pas cher ! C’est le genre de revue à 50 centimes sur une brocante...

Profitez sur une brocante ou dans un magasin de BD d’occaz, mais aussi via Internet (Ebay et autres) où vous pourrez trouver ces revues pour pas cher et passer de bons moments avec de brèves histoires horrifiques.

Petit récapitulatif sur cette revue :


Névrose (2e série), édité par Arédit dans la collection "DC Pocket" 
Parue de mars 1985 à octobre 1987. 
16 numéros au total, bimestriel. 
128 pages en n&b.

La série contient exclusivement du matériel US issu du catalogue DC Comics. On y trouve notamment des histoires issues d'Unexpected, Ghosts, House of Mystery, House of Secrets, mais aussi du Elvira's house of mystery, et la fin de la série V de 1985 dont la première partie avait été publiée dans une revue éponyme.

La taille de la revue empêche une pleine exploitation des planches d'origine. Arédit a redécoupé des planches pour les séparer (une partie sur une page, l'autre sur celle d'après).

On trouve quelques pépites du Golden Age (comme une histoire de Dr Fate de More Fun Comics de 1940), mais aussi des auteurs/dessinateurs connus comme Marv Wolfman, Don Heck, Gerry Conway, Paul Kupperberg, Carmine Infantino, Paul Levitz, Steve Gerber, Keith Giffen et même du Steve Ditko (dans le #7, l'histoire nommée "La fille du Diable") !

mercredi 10 avril 2019

New Teen Titans en VF – en août chez Urban !


C'est la bonne nouvelle tombée il y a peu. Dans cet article, je vous propose de faire le point : que contiendra ce volume ? Y a-t-il de l’inédit ? Jusqu’où peut aller ce titre en VF ?

On regarde les publications de ce grand classique de DC Comics, de plus près !

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New Teen Titans vol. 1 chez Urban

L’éditeur a annoncé que ce tome, à 35€, contiendra les 16 premiers épisodes de la série New Teen Titans ainsi qu’une histoire de 1980 tirée de DC Comics Presents #26. Il s’agit de « Where nightmares begin ! ». Les deux autres histoires de ce DC Comics Presents concernaient l’une Superman et Green Lantern en team-up et l'autre, Sargon le sorcier.
Cette histoire est parue le mois précédent le lancement de la série régulière aux USA.

Dans les faits, Urban reprend ici ce qu’on avait eu en France avec les Archives DC consacrées aux New Teen Titans. Nous avions eu deux tomes publiés par Panini qui sont intégralement repris dans ce volume d’Urban. C’est aussi l’équivalent des deux premiers TPB de la réédition américaine.

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Aura-t-on une suite ?

Oulaaaa ! Doucement… Ce tome sort en août. Urban n’a pas un plan quinquennal pour ses publications. Ils verront si ça marche.
Malgré tout, je comprends cette question, puisque je me la pose souvent (comme à l’instant en écrivant cet article). Quand je me lance dans une collection, j’aimerais aller au bout de l’histoire, du moins dans la vision du ou des artiste(s).

Ici, nous aurons deux problèmes. Le premier est de savoir si Urban ne souhaite publier que le travail commun de Wolfman et Pérez. Après pas mal d’épisodes, Pérez quitte le titre et revient temporairement (une fois pour cinq numéros, une autre fois pour une dizaine dont certains ne se suivent pas). Bref, si c’est seulement le duo Wolfman/Perez, alors ce ne sera pas tous les New Teen Titans. Dans le cas inverse, qu’on se rassure tout est écrit par Wolfman, avec ses hauts et ses bas.

L’autre souci vient de l’inquiétude que l’on peut ressentir en tant que lecteur francophone après les disparitions mystères de Justice League International (deux tomes sortis dont le dernier sorti en septembre 2017), de la Suicide Squad d’Ostrander (deux tomes aussi, dont le dernier est sorti en août 2017) ou même le Superman de Byrne dont un deuxième tome aurait dû être annoncé cette année (il reste encore septembre à décembre !).
Cela pose la question de la survie d’une série « old-school » aussi excellente soit-elle. Car, comme New Teen Titans, ces trois séries citées sont d’immenses classiques de DC Comics. Et pourtant, les ventes ne semblent pas être satisfaisantes.

Certains se souviennent que Panini avait annoncé une troisième intégrale New Teen Titans, mais que finalement repoussée elle fut annulée pour faute de ventes.

Certains éditeurs garantissent l’intégralité d’une série aux lecteurs, en les rassurant. Panini avait fait ça avec les omnibus Starman (mais, ayant perdu les droits au profit d’Urban, ils n’ont pu aller jusqu’au bout). Plus réussi, au final, Glénat. L’éditeur en sortant le premier tome de La Dynastie Donald Duck (Carl Barks) prévue en 24 tomes, avait promis aux lecteurs qu’ils iraient au bout. Et ils l’ont fait (ainsi que pour les 7 tomes de Don Rosa et depuis nous avons eu le lancement de Romano Scarpa et de l’intégrale Fantomiald).
Bref.

Du coup, on fait quoi ?

Si vous avez déjà ces épisodes, vous ne faites rien. Sinon, achetez le tome d’Urban. Ca les soutiendra dans cette publication et SURTOUT vous lirez un comics génial.

Et s’ils publient pas la suite ?

Dans ce cas, je vous conseille de lire attentivement ce qui va suivre et de mettre cet article dans vos favoris, ou dans un coin où vous pourrez garder les infos.

Tout le début de New Teen Titans est dipo en VF. Outre les Archives DC publiées par Panini, vous avez les magazines format comics d’Arédit, en couleur (je précise car pour Arédit, faut préciser !).
En 1982, Arédit a lancé la revue « Les Jeunes Titans » qui dura 9 numéros. Dans ces neuf numéros, vous avez les 18 premiers épisodes VO de la série de Wolfman/Pérez.

Donc, si vous achetez le tome d’Urban et qu’il n’y a pas de suite, vous pourrez vous procurer « Les Jeunes Titans » n°9 qui contient les épisodes VO 17 et 18.
Puis, Arédit relauncha le magazine sous le nom « Les Jeunes T. ». La revue dura 26 numéros à partir de 1985.
Cette deuxième revue contient :
-          La mini-série Tales of the New Teen Titans en 4 numéros
-      La série New Teen Titans qui est renommée au 41 Tales of the Teen Titans. Là, dans la revue Arédit, vous aurez les numéros 19 à 59.

La série VO s’arrête là. Plus précisément au 58. Tous les numéros postérieurs de cette série sont des réimpressions américaines. Le 59 contient le fameux récit DC Presents #26 ainsi qu’un récit de Best of DC #18. Dans ce dernier, il y a plusieurs histoires dont une seule inédite « Reunion » qui est reprise dans ce Tales of the Teen Titans #59.

Enfin, autre publication dans la même revue Arédit (Les Jeunes T.) :
-          L’annual 2 et l’annual concernant Judas Contract

Pour les complétistes acharnés, le tout premier annual des New Teen Titans se trouve, en France, dans la revue Arédit « Omega Men » #9. Par contre, deux one-shots restent inédits en France, mais bien qu’écrits par Wolfman et le premier dessiné par Pérez, ce sont en fait des numéros consacrés à la politique anti-drogue soutenue par DC.

Comme c’est le bazar, le titre New Teen Titans est relaunché (recommence au numéro 1) en 1984. Wolfman écrit toujours, mais Perez ne dessine que les cinq premiers numéros. Cette série est renommée au numéro 50 et dure… 130 épisodes !! Sans parler des deux numéros Zéro (oui, deux), 11 annuals, un numéro spécial et j’en oublie peut-être. Autrement dit, à moins d’un succès monstrueux, on aura rien de tout ça.

En VF, on a eu les cinq premiers numéros dessinés par Pérez dans la revue « Super Star Comis » (Arédit) dans les numéros 1 à 3. A partir de l’épisode 6, la série rejoint la revue « Les Jeunes T. » (à partir du 21) et cela jusqu’à l’épisode 17 inclus.
La revue Arédit s’arrête, car on est en 1987 et Arédit a d’énormes problèmes qui conduisirent à sa faillite. C’est d’ailleurs à ce moment que DC disparaît en France pour ne resurgir réellement qu’en 1997 avec Semic. Tout le reste est inédit.

Pour rendre gloire à l’éditeur actuel de DC en France, on notera que deux épisodes de cette série, inédits donc, ont été publiés par Urban dans « Un deuil dans la famille » qui contient un bref crossover entre les séries Batman et New Titans (nouveau nom de la série à partir du #50). C’est le crossover nommé « A lonely place of dying »

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C’est bien beau, hein, mais moi je suis optimiste !

Parfait ! Il le faut ! Et donc ?

Et donc, ils vont publier quoi s’ils font un deuxième tome ?

Mystère et boule de gomme #oldschool

Plus sérieusement, il faut envisager qu’Urban se calquera sur les TPB sortis aux US. Un deuxième tome en VF comprendrait alors New Teen Titans 17 à 27, l’annual 1 et la mini-série en 4 épisodes de Tales of the New Teen Titans.
Il faudrait 4 tomes d’Urban pour couvrir le travail de Pérez. Pour toute la série, je ne sais pas exactement. Actuellement, aux US, sont sortis 10 TPB (2 TPB US = 1 volume Urban) et dans le 10e TPB, on en est à New Teen Titans (la deuxième série) #15. Souvenez-vous ! C’est la série en 130 épisodes… S’ils vont jusqu’au bout, on devrait atteindre un total de 25 tomes US.

Alors bonne lecture, bons achats et ne déprimez-pas !

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